Elimination des inégalités extrêmes: un objectif pour le développement durable/Eliminating Extreme Inequality: A Sustainable Development Goal

Elimination des inégalités extrêmes: un objectif pour le développement durable, 2015-2030

Ethics & International Affairs, Volume 28.1 (Spring 2014)

Lors du Sommet du Millénaire des Nations Unies en septembre 2000, les états membres de l’ONU ont fait un grand pas quand ils ont mis l’être humain plutôt que les états au centre de l’agenda de l’ONU. Pour la Déclaration du Millénaire, les leaders mondiaux se sont rassemblés afin de se mettre d’accord sur un certain nombre d’objectifs très généraux tels que la paix à travers le développement, l’environnement, les droits de l’homme, la protection des gens vulnérables, les besoins spécifiques à l’Afrique et les réformes des institutions de l’ONU. Particulièrement influente, fut la codification des objectifs de la Déclaration liés au développement, eux-mêmes adoptés pendant l’été 2001 et à présent reconnus comme étant les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), à réaliser au plus tard en 2015. [2]

1. Éliminer l’extrême pauvreté et la faim. [3]
• Réduire de moitié la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour et ceux qui souffrent de faim.

2. Assurer l’éducation primaire pour tous.
• Permettre à tous les enfants, garçons et filles, de terminer un cycle complet d’études primaires.

3. Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.
• Éliminer les disparités entre les sexes dans l’enseignement primaire et secondaire si possible, d’ici 2005 et à tous les niveaux de l’enseignement en 2015, au plus tard.

4. Réduire la mortalité infantile.
• Réduire des deux tiers le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans.

5. Améliorer la santé maternelle.
• Réduire de trois quarts le taux de mortalité maternelle.

6. Combattre le VIH/Sida, le paludisme et d’autres maladies.
• Enrayer et commencer à inverser la propagation du VIH/Sida et maîtriser le paludisme et d’autres grandes maladies.

7. Assurer un environnement durable.
• Intégrer les principes de développement durable dans les politiques et programmes nationaux et inverser la tendance à la perte des ressources environnementales.
• Au plus tard en 2015, réduire de moitié la proportion de la population qui n’a pas accès à l’eau potable.
• D’ici 2020, améliorer sensiblement les conditions de vie d’au moins 100 millions de personnes vivant dans les bidonvilles.

8. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement.
• Poursuivre la mise en place d’un système commercial et financier ouvert qui comprend un engagement à la bonne gouvernance, au développement et à la réduction de la pauvreté—au niveau national et international.
• Répondre aux besoins particuliers des pays les moins avancés, des pays en développement qui sont enclavés sans littoral, et des petits états insulaires en voie de développement.
• Traiter de manière globale le problème de la dette des pays en développement.
• Offrir des possibilités de travail convenable et productif pour les jeunes.
• En collaboration avec les entreprises pharmaceutiques, permettre l’accès aux médicaments de base à un prix abordable, dans les pays en développement.
• En coopération avec le secteur privé, faire en sorte que les avantages d’utilisation des nouvelles technologies—en particulier des technologies de l’information et de la communication—soient accessibles à tous.

Comme le Secrétaire général de l’ONU Kofi Annan les a décrits plus tard, les OMD ont été un effort remarquable de coordination internationale. Ils ont établi des points d’entente entre les agences de développement engagées dans le même secteur d’activités, ont inspiré une action concertée par les organisations internationales et les gouvernements nationaux, et ont offert une opportunité aux citoyens pour pouvoir demander aux gouvernements qu’ils se concentrent sur ce ” Nous les Peuples” qu’ils prétendent représenter. En bref, ils ont transformé l’agenda des leaders mondiaux. [4]

Quatorze années plus tard, les résultats des OMD ont été mitigés. Quelques objectifs, comme la réduction de moitié de la proportion de la population vivant dans l’extrême pauvreté, ont été respectés au niveau mondial, mais aucun objectif n’a été atteint dans tous les pays. Il est peu probable que d’autres, comme l’accès universel à l’éducation primaire, soient honorés d’ici 2015. [5]

Cela dit, bien qu’accomplir ces objectifs aurait été un remarquable accomplissement, ils ne représentent pas une vision complète ou compréhensive du développement humain, pas même si on les prend tous ensembles. Ils étaient limités par les points sur lesquels les états membres avaient réussi à s’accorder en 2000 et, particulièrement, ils manquaient une vision de développement équitable.[6] Pendant la période de réflexion qui va suivre le bilan des résultats obtenus concernant les OMD, il sera alors temps d’adresser les limitations en incluant “éliminer les inégalités extrêmes ” aux huit objectifs originaux.

POURQUOI L’INEGALITÉ EST-ELLE UN SUJET IMPORTANT ?

Chaque pays a une politique économie différente qui façonne l’étendue et les effets des inégalités ; par conséquent l’évaluation doit être unique à chaque pays. Les différences marquées, basées sur l’étendue et la nature de l’inégalité à travers chaque pays, montrent que l’inégalité n’est pas déterminée seulement par le pouvoir économique ; ce sont aussi la politique et les politiques qui la façonnent.

L’égalité totale n’est pas l’objectif. Quelques inégalités économiques peuvent favoriser la croissance économique. Il ne semble pas nécessaire d’adresser le problème de certaines inégalités, car ce serait enfreindre certaines libertés.

Bien que le moment précis où les inégalités commencent à faire du mal différent d’un pays à l’autre, une fois qu’elles deviennent extrêmes, leurs effets nuisibles sur le plan social, économique et politique deviennent évidents. Les inégalités extrêmes ont tendance à ralentir la croissance économique et à ébranler tant l’égalité politique que la stabilité sociale. Et puisque les inégalités ont des effets économiques cumulatifs, et aussi bien sociaux que politiques, chacun de ces facteurs exige donc une attention unique et concertée. Nous aborderons d’abord les arguments économiques en faveur de la réduction des inégalités extrêmes, et ensuite les arguments politiques et sociaux.

Arguments Économiques [7]
Les économistes de différentes approches philosophiques conviennent que les inégalités de revenus et d’actifs, ont des effets économiques nuisibles. L’augmentation des inégalités, avec la répartition hiérarchisée des revenus, réduit la demande globale (les riches ont tendance à dépenser une portion moins importante de leurs revenus que les pauvres), ce qui peut ralentir la croissance économique. La tentative par les autorités monétaires de contrebalancer ces effets peut contribuer aux bulles de crédit, et ces bulles mènent, l’une après l’autre, à l’instabilité économique. C’est la raison pour laquelle l’inégalité est souvent associée à l’instabilité économique. Dans cette optique, il n’est pas surprenant que l’inégalité ait atteint de hauts niveaux avant la Grande Récession de 2008 et avant celle des années 1930. [8] Une recherche récente du Fond Monétaire International montre qu’une inégalité importante est toujours liée à des cycles de croissance plus courts. [9]

Beaucoup de l’inégalité que l’on observe partout dans le monde est associée à la recherche de rente (par exemple, l’exercice d’un pouvoir de monopole), et une telle inégalité compromet l’efficacité économique. Mais peut-être que la pire dimension de l’inégalité est celle des chances, qui est à la fois la cause et la conséquence de celle des résultats, et provoque l’inefficacité économique et réduit le développement, car un très grand nombre d’individus ne peuvent atteindre leur potentiel. [10] Les pays à haute inégalité ont tendance à investir peu dans les biens publics, tels que les infrastructures, la technologie et l’éducation, qui contribuent à la prospérité et à la croissance économique à long terme.

Réduire l’inégalité, par contre, a des avantages économiques et sociaux évidents. Cela renforce l’impression que la société est juste ; améliore la cohésion sociale et la mobilité, assurant de manière plus probable que chaque citoyen atteigne son potentiel ; et élargit le support aux initiatives de croissance. Les politiques qui visent à la croissance mais qui ignorent l’inégalité pourraient être vouées à l’échec à long terme, alors que les politiques qui diminuent l’inégalité, en stimulant l’emploi et en facilitant l’accès à l’éducation par exemple, ont des effets avantageux sur le capital humain dont les économies modernes ont de plus en plus besoin. [11]

Le débat politique et social
Les clivages socio-économiques entre riches et pauvres sont la conséquence des forces économiques, mais également ou plus encore, ils sont le résultat des choix de politique publiques, tels que la fiscalité, le niveau du salaire minimum, et les investissements dans le secteur médical et dans celui de l’éducation. Ce sont les raisons pour lesquelles des pays aux situations par ailleurs comparables vont toutefois connaître des niveaux d’inégalité nettement différents. Ces inégalités vont à leurs tours se répercuter sur les prises de décisions politiques car même les dirigeants élus démocratiquement sont plus attentifs aux avis des électeurs influents qu’à ceux des gens pauvres. Plus la richesse joue un rôle sans restrictions dans le financement des élections, plus il est probable que les inégalités économiques renchérissent les inégalités politiques.

Comme mentionné plus haut, ce n’est pas seulement la stabilité économique mais la stabilité sociale et politique qui est endommagée quand les inégalités sont poussées à l’extrême. Toutefois, lorsque évaluée par la criminalité et les violences civiles, il n’a pas été trouvé de relations causale simple entre inégalité politique et instabilité sociale. Ni l’une ni l’autre formes de violence ne présente de corrélations avec l’indice de Gini ou avec l’indice de Palma (la part du Revenu National Brut [RNB] gagnée par les personnes ou les ménages situés dans le décile supérieur (les 10% supérieurs), divisée par la part du Revenu National Brut acquis par les 40% de ménages au bas de l’échelle). Il y a, cependant, de forts liens entre violence et ‘inégalités horizontales’ qui combinent stratifications économiques avec d’autres facteurs tels que l’origine, l’ethnicité, la religion, ou la région. Lorsque les gens pauvres sont d’une origine, ethnicité, religion ou région autres que celles des gens riches, alors une dynamique morbide et déstabilisante souvent émerge.

Une étude, s’appuyant sur 123 enquêtes nationales dans 61 pays en développement, a soigneusement documenté les effets des inégalités des biens entre ethnies. Typiquement, pour un pays aux valeurs moyennes sur toutes les variables rendant compte de la violence, la probabilité d’un conflit civil pour une année donnée est de 2,3 pour cent. Si l’écart des inégalités horizontales du capital parmi les groupes ethniques augmente jusqu’au quatre-vingt neuvième décile (et que les autres variables restent à leurs valeurs moyennes), la probabilité du conflit va plus que redoubler, allant jusqu’à 6, 1%. Une comparaison du même ordre portant sur les différences de revenus entre les groupes religieux indique une augmentation de 2,9 % à 7,2 %. Là encore, la valeur est plus que doublée. Une autre étude utilisant des méthodes similaires conclue que les disparités de richesses au niveau régional sont corolaires à un risque particulièrement élevé de déclenchement de conflits en Afrique subsaharienne.

S’aidant d’une méthodologie différente, cette fois s’intéressant aux disparités géographiques des revenus liées aux différenciations ethniques plutôt qu’aux enquêtes mesurant les inégalités, d’autres auteurs confirment le danger causé par de trop grandes inégalités horizontales. Étudiant la période de l’après-guerre froide (1991-2005), Lars-Erik Cederman, Nils Weidmann, et Kristian Gleditsch divisent la somme totale de la production économique dans une région ethnique donnée par le nombre de la population du groupe ethnique afin d’obtenir une mesure par habitant de la production économique spécifique à ce groupe.

Ils constatent que les groupes ethniques relativement plus pauvres ainsi que ceux relativement plus riches vont être plus vraisemblablement confrontés aux guerres civiles. Ils démontrent que les facteurs ethnographiques ne sont pas les seuls facteurs en jeu. , et montrent que le plus riche (ou le plus pauvre) les groupes ethniques demeurent, le plus probable il va être pour ces groupes aux extrêmes de connaître une situation de guerre civile contre d’autres groupes ethniques.

L’INÉGALITE ET SES NOMBREUSES DIMENSIONS

Tout comme les débats sur la pauvreté et sur la réduction de la pauvreté se sont développés à partir de discussions uniquement concernant les revenus pour inclure beaucoup d’autres dimensions synonymes de dénuement pour les plus pauvres, incluant la santé et l’environnement ; les débats concernant les inégalités se sont pareillement enrichis. En effet, dans la plupart des pays il semble que les inégalités de richesse excèdent celles du revenu. Surtout dans les pays sans système de santé adéquats, un coefficient de palma sur la santé publique montrerait presque certainement de plus grandes inégalités qu’avec le coefficient de Palma sur le revenu. Aussi, un coefficient de Palma calculant le degré d’exposition aux dangers environnementaux obtiendrait probablement des résultats similaires.

Une des formes d’inégalité les plus pernicieuses est celle des inégalités d’opportunités, reflétant un manque de mobilité socio-économique, condamnant presque certainement ceux nés en bas de la pyramide économique à y rester. Alan Krueger, ex-président du CEA, ” Council of Economic Advisers” des États-Unis d’Amérique (littéralement ” Conseil des conseillers économiques “), a souligné ce rapport entre inégalités et opportunités. Les inégalités de revenus ont tendance à être associées à une mobilité économique moindre et à moins d’opportunités intergénérationnelles. Que ceux nés en bas de la pyramide économique soient condamnés à ne jamais atteindre leur potentiel renforce la corrélation entre inégalités et une croissance économique plus lente à long-terme.

Le fait que ces dimensions soient interconnectées suggère que se concentrer seulement sur une dimension à la fois sous-estimerait la magnitude réelle des inégalités sociales et donnerait aux programmes de politiques publiques une base de données inadaptée. Par exemple, les inégalités de santé sont à la fois causes et conséquences des inégalités de revenus. Les inégalités touchant au niveau d’éducation sont des facteurs déterminants des inégalités de revenus et d’opportunités. De plus, comme précédemment expliqué, lorsque d’autres schémas sociaux s’ajoutent à ces inégalités multiples (par exemple, ceux associés à l’origine ou à l’ethnicité), les conséquences pour la société, les instabilités sociales incluent, se multiplient.

MESURER L’OBJECTIF

Nous proposons que l’objectif suivant, appelons-le ” objectif neuf : Élimination des inégalités extrêmes au niveau national dans chaque pays “, soit ajouté aux révisions et actualisations des huit objectifs d’origine. Pour aider à la réalisation de cet objectif, nous proposons les buts suivants :

  • D’ici 2030, réduire les inégalités extrêmes de revenu dans tous les pays de manière à ce que l’impôt net sur le revenu des 10% supérieurs n’excède pas le revenu après transferts (ou ” revenu disponible ajusté “) des 40% inferieurs.
  • D’ici 2020, mettre en place des commissions publiques dans tous les pays pour évaluer et rendre compte des effets des inégalités sociales.

De plus en plus, le coefficient de Palma est pressenti comme étant le meilleur indicateur pour ces types de calculs en raison de sa capacité à évaluer les inégalités à leurs extrêmes : le rapport des revenus les plus hauts sur les revenus les plus bas. Dans de nombreux pays, partout dans le monde, alors que la part des revenus moyens reste relativement stable, c’est aux extrêmes, les plus apparents et les plus ingrats, que les choses changent. Tous les pays devraient tenter de résoudre leurs inégalités extrêmes, c’est à dire, celles qui affectent le plus l’équité et la durabilité de la croissance économique et celles qui menacent le plus la stabilité sociale et politique. Un coefficient de Palma de 1 est un idéal atteint dans seulement quelques pays. Par exemple, des pays tels que la Scandinavie, avec un coefficient de Palma à 1 ou inférieur à 1, ne semblent pas souffrir des handicapes associés aux inégalités extrêmes. En fait, ils semblent quelque part bénéficier d’un ” multiplicateur d’égalité ” positif agissant sur certains aspects de leurs développements socioéconomiques, les rendant efficaces et flexibles ainsi qu’équitables et stables.

Toutefois, les différences entre pays ne viennent pas seulement de la manière dont ils sont maintenant inégalitaires, mais aussi de leurs cultures, de leurs tolérances à l’égard des inégalités de types variés, et de leurs aptitudes aux changements sociaux. Par conséquent, le second objectif est le plus important : un dialogue national qui d’ici 2020 établirait ce qui doit être fait afin de remédier aux inégalités plus particulièrement touchant chacun des pays.

Un tel dialogue attirerait l’attention sur les politiques qui exacerbent les inégalités dans chaque pays, par exemple, les lacunes des systèmes éducatifs, des systèmes juridiques, des régimes fiscaux ou des systèmes de transferts (ou d’ajustement). Un dialogue sur les programmes politiques qui simultanément distordent les économies et contribuent à l’instabilité économique, politique et sociale ; et aussi sur ceux qui pourraient aisément être altérées.

Le soutien visant à réduire les inégalités extrêmes est répandu. Dans une lettre au Dr Homi Kharas, auteur principal et secrétaire de direction du secrétariat travaillant pour ” le Groupe de travail des Nations Unies sur le Programme de développement pour l’après-2015 “, quatre-vingt-dix économistes, académiques, et experts en développements demandèrent instamment qu’une réduction des inégalités dans le cadre du développement après 2015 deviennent une priorité, et suggérèrent que les inégalités soient mesurées en utilisant le coefficient de Palma. Pareillement à notre analyse, ils ont défendu l’idée que les inégalités menacent l’éradication de la pauvreté, le développement durable, les procédés démocratiques, et la cohésion sociale.

La prise de conscience des effets néfastes des inégalités s’est diffusée au-delà des cercles académiques et de ceux des militants. Un discours donné en Juillet 2013 par le Président des USA, Barack Obama, soulignait le rôle des inégalités dans la création de la bulle de crédit (comme celui à l’ origine de la Grande Récession) et la manière dont cela prive les gens d’opportunités, ceci à son tour autorisant une économie déficiente dans laquelle les talents de beaucoup ne peuvent être mobilisés pour le bien de tous. De même, le Pape François, dans son adresse à Varginha, quartier déshérité et dangereux de Rio de Janeiro à l’occasion de la Journée Mondiale de la Jeunesse 2013, insista sur le besoin pour plus de solidarité, plus de justice sociale, et pour qu’une attention spéciale soit portée à la situation des jeunes. Encore une fois en accord avec les revendications citées plus haut, il a déclaré que la paix ne pourra pas être maintenue dans des sociétés inégalitaires aux communautés marginalisées.

Les inégalités sont multidimensionnelles (et certains de leurs aspects sont plus injurieux que d’autres) et il existe beaucoup de moyens pour les mesurer. Une chose est sûre cependant, un développement durable ne pourra être atteint si l’on ignore les disparités extrêmes. Il est impératif que l’après OMD agenda reconnaisse la lutte contre l’inégalité comme un de ces objectifs principaux.


NOTES
* Les assistants d’investigation des auteurs ont été Alicia Evangelides, Eamon Kircher-Allen et Laurence Wilse-Samson.
1. Résolution de l’Assemblée Générale 55/2, ” Déclaration Millénaire des Nations Unies “, document de l’ONU A/RES/55/2, 8 septembre 2000, www.un.org/millennium/declaration/ares552e.pdf.
2. Comme annoncé dans l’appendice du ” Road Map Report “, document de l’ONU A/56/326 du 6 septembre 2001. Les états membres de l’ONU ont assigné au secrétaire générale la tâche de préparer une ” feuille de route ” afin de développer et surveiller les ” résultats et points de référence ” (“Follow-up to the Outcome of the Millennium Summit,”) document de l’ONU A/RES/55/162 du 18 décembre 2000). Pour une analyse des origines et l’importance des OMD, regardez Michael Doyle, “Dialectics of a global constitution: The struggle over the UN Charter,” European Journal of International Relations 18, no. 4 (2012), pp. 601-624.
3. L’indicateur d’origine de $1 par jour a été élevé à $1,25 afin de refléter l’inflation.
4. Kofi Annan avec Nader Mousavizadeh, Interventions: A Life in War and Peace (New York: Penguin, 2012), pp. 244-50.
5. Nations Unies, The Millennium Development Goals Report 2013, pp. 4-5. Pour plus d’information sur l’état des Objectifs du Millénaire pour le développement, cliquez le lien du reportage en entier de 2013 : http://www.un.org/millenniumgoals/pdf/report-2013/mdg-report-2013-english.pdf.
6. Les objectifs originaux ne comprenaient pas l’accès aux droits reproductifs, ce qui a été rectifié en 2005. Regardez : General Assembly Resolution 60/1, “2005 World Summit Outcome,” document de l’ONU A/RES/60/1, paragraphes 57(g) et 58(c) mdgs.un.org/unsd/mdg/Resources/Attach/Indicators/ares60_1_2005summit_eng.pdf. Il manquait aussi les objectifs de la gouvernance que nous considérons aujourd’hui. Pour plus de details cliquez le lien “Report of the High-Level Panel of Eminent Persons on the Post-2015 Development Agenda”, A New Global Partnership: Eradicate Poverty and Transform Economies through Sustainable Development, Annex II, p. 50: www.un.org/sg/management/pdf/HLP_P2015_Report.pdf.
7 . Pour une discussion plus profonde sur les conséquences économiques négatives de l’inégalité, se référer aux The Price of Inequality (New York: W. W. Norton, 2012) de Joseph Stiglitz et ses références biographiques.
8 . Stiglitz, The Price of Inequality, ch. 4, pp. 83-117.
9 . A. Berg, J. Ostry, etJ. Zettelmeyer, “What makes growth sustained?” Journal of Development Economics 98, no.2 (2012). Pour un traitement plus théorique des relations entre inégalité, instabilité et développement humain, voir Stiglitz, “Macroeconomic Fluctuations, Inequality, and Human Development” Journal of Human Development and Capabilities 13, n° 1 (2012), pp. 31-58. Réédité en Deepak Nayyar, ed., Macroeconomics and Human Development (Londres: Routledge, Taylor & Francis Group, 2013).
10 . William Easterly, “Inequality does cause underdevelopment: Insights from a new instrument,” Journal of Development Economics 84, n° 2 (2007). Le Conseil des Relations Étrangères rapport cette année conclue qu’il existe de grandes disparités entre la réussite des étudiants américains selon leur milieu socioéconomique et que la richesse des parents exerce une influence sur cette réussite aux États-Unis, plus que dans quasiment tous les autres pays développés. Pour plus d’informations voir se reporter aux Conseil des Relations Étrangères, Remedial Education: Federal Education Policy, juin 2013,www.cfr.org/united-states/remedial-education-federal-education-policy/p30141.
11 . Easterly, “Inequality does cause underdevelopment.”
12 . Larry Bartels, Unequal Democracy (Princeton, N.J.: Princeton University Press, 2008).
13 . On aurait préféré une mesure après taxe (après l’impôt sur le revenu et toutes les autres taxes) et sur les revenus après transfert (logement, garde d’enfants, sécurité sociale et d’autres allocations), mais celle-ci n’est pas encore largement disponible. Les indices de Palma officieux par pays sont disponibles sur demande. Pour solliciter ces données, merci de contacter Alicia Evangelides à l’adresse ame2148@columbia.edu.
14 . Gudrun Østby, “Inequalities, the Political Environment and Civil Conflict: Evidence from 55 Developing Countries,” dans Frances Stewart, ed., Horizontal Inequalities and Conflict: Understanding Group Violence in Multiethnic Societies (Basingstoke: Palgrave Macmillan, 2008), pp. 136-157, p. 149.
15 . Gudrun Østby et Håvard Strand, “Horizontal Inequalities and Internal Conflict: The Impact of Regime Type and Political Leadership Regulation” en K. Kalu, U. O. Uzodike, D. Kraybill, y J. Moolakkattu, eds., Territoriality, Citizenship, and Peacebuilding: Perspectives on Challenges to Peace in Africa (Pietermaritzburg, Afrique du Sud: Adonis & Abbey, 2013).
16 . Lars-Erik Cederman, Nils B. Weidmann, and Kristian Skrede Gleditsch, “Horizontal Inequalities and Ethnonationalist Civil War: A Global Comparison,” American Political Science Review 105, no. 3 (2011), pp. 487-89.
17. L’étude classique de la Banque Mondiale “La Voix Des Pauvres ” a mis en évidence que la souffrance des gens pauvres provient non seulement d’un manque de revenus mais aussi de l’insécurité et du fait qu’ils ne soient pas entendus. Ceci sera subséquemment réitérer dans le chapitre sur la pauvreté du rapport décennale de la Banque Mondiale sur le développement dans le monde. La commission internationale sur la mesure des performances économiques et du progrès social (2010) a souligné que les mesures de performance (incluant production et inégalités) doivent dépasser les simples mesures conventionnelles du PIB et/ou des revenus. L’ OCDE a continué ce travail à travers ” L’Initiative du vivre mieux “, incluant la construction de ” L’Indicateur du vivre mieux ” . Une part importante de l’ordre du jour du panel des hauts dignitaires et experts reconnus de la commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social est la construction/évaluation de mesures alternatives des inégalités.
18. Alan B. Krueger, “Land of Hope and Dreams: Rock and Roll, Economics, and Rebuilding the Middle Class” (remarks, Rock and Roll Hall of Fame and Museum, Cleveland, Ohio, June 12, 2013), www.whitehouse.gov/blog/2013/06/12/rock-and-roll-economics-and-rebuilding-middle-class#fulltext.
19. Miles Corak, “Income Inequality, Equality of Opportunity, and Intergenerational Mobility,” Journal of Economic Perspectives 27, no. 3 (2013), pp. 79-102.
20. Alex Cobham et Andy Sumner, “Putting the Gini Back in the Bottle? ‘The Palma’ as a Policy-Relevant Measure of Inequality,” King’s College London, March 15, 2013, www.kcl.ac.uk/aboutkings/worldwide/initiatives/global/intdev/people/Sumner/Cobham-Sumner-15March2013.pdf. Le coefficient de Palma est “la part du Revenu National Brut [RNB] gagnée par les personnes ou les ménages situés dans le décile supérieur (les 10% supérieurs), divisée par la part du Revenu National Brut acquis par les 40% de ménages au bas de l’échelle “. Nous recommandons une mesure après impôts (après tous types de revenus et tous impôts) et après tous transferts ou ” revenu disponible ajusté ” (après les aides aux logements, aides à l’enfance, sécurité sociale et autres allocations), toutefois celle-ci n’est pas encore largement accessible.
21. Ceci n’est pas valable pour tous les pays. Dans le cas des États-Unis, une érosion de la classe moyenne existe, accompagnée d’une fraction de la population en déclin entre, disons, le double et la moitié du revenu médian et une fraction en baisse du revenu allant à ce groupe. Il a longtemps été pensé qu’une démocratie stable dépend d’une classe moyenne prospère. S’il en est ainsi, l’érosion de la classe moyenne est particulièrement préoccupante. (Pour une discussion plus approfondie de ces questions, regardez Joseph E. Stiglitz, The Price of Inequality.) Parts du dialogue national concernant les inégalités que nous recommandons ci-dessous se concentreraient sur la nature des inégalités émergeant dans un nombre de pays variés.
22. José Gabriel Palma, “Homogenous middles vs. heterogeneous tails, and the end of the ‘Inverted-U’: the share of the rich is what it’s all about,” Cambridge Working Papers in Economics (CWPE) 1111, January 2011, www.econ.cam.ac.uk/dae/repec/cam/pdf/cwpe1111.pdf.
23. Karl Ove Moene, “Scandinavian Equality: A Prime Example of Protection Without Protectionism,” Joseph E. Stiglitz et Mary Kaldor, eds., The Quest for Security: Protection Without Protectionism and the Challenge of Global Governance (New York: Columbia University Press, 2013), pp. 48-74.
24. Par exemple, aux États-Unis, ce type de débats mentionnerait l’inégalité d’accès à l’éducation et à celui de la santé, un code des faillites qui donne priorité aux dérives et rend la libération des dettes d’études difficiles, même en cas de faillite, un système de taxes qui prélève l’ impôts sur les richesses obtenus par des manœuvres spéculatives à un taux beaucoup moins élevé que celui impose au revenu ; un revenu minimum qui ajusté à l’inflation n’a pas augmenté depuis plus de cinquante ans ; et un système de protection sociale qui réussit beaucoup moins bien à corriger les inégalités de revenus que les systèmes des autres pays industriellement développés. Cette situation rendrait compte de la mesure dans laquelle les disparités des revenus sont dues aux différences de productivité, de quand ces différences de productivité sont, elles-mêmes, dues aux disparités d’accès à une éducation de qualité ; et dans quelle mesure, telles disparités peuvent être attribuées à un phénomène d’héritage.
25. Alex Cobham and Andy Sumner, “Is It All About the Tails? The Palma Measure of Income Inequality,” Center for Global Development, Working Paper 343, September 2013, www.cgdev.org/sites/default/files/it-all-about-tails-palma-measure-income-inequality.pdf.
26. Regardez la lettre au Dr Homi Kharas de l’Institut Brookings de 90 économistes, des universitaires, et des experts en développement soutenant l’utilisation du coefficient de Palma comme une mesure de l’inégalité: www.post2015hlp.org/wp-content/uploads/2013/03/Dr-Homi-Kharas.pdf.
27. Ibid.
28. Michael Shear et Peter Baker, “Obama Focuses on Economy, Vowing to Help Middle Class,” New York Times, July 24, 2013, www.nytimes.com/2013/07/25/us/politics/obama-to-restate-economic-vision-at-knox-college.html?_r=0.
29. Pope Francis, “WYD 2013: Full text of Pope Francis’s address in Rio slum, “ Catholic Herald, July 25, 2013, www.catholicherald.co.uk/news/2013/07/25/wyd-2013-full-text-of-pope-franciss-address-in-rio-slum.

https://www.carnegiecouncil.org/fr_FR/publications/journal/28_1/001/000002

Eliminating Extreme Inequality: A Sustainable Development Goal, 2015–2030

Ethics & International Affairs, Volume 28.1 (Spring 2014)

At the United Nations Millennium Summit in September 2000, UN member states took a dramatic step by putting people rather than states at the center of the UN’s agenda. In their Millennium Declaration,*1 the assembled world leaders agreed to a set of breathtakingly broad goals touching on peace through development, the environment, human rights, the protection of the vulnerable, the special needs of Africa, and reforms of UN institutions. Particularly influential was the codification of the Declaration’s development related objectives, which emerged in the summer of 2001 as the now familiar eight Millennium Development Goals (MDGs), to be realized by 2015:2

1. Eradicate extreme poverty and hunger.3

• Halve the proportion of people living on less than a dollar a day and those who suffer from hunger.

2. Achieve universal primary education.

• Ensure that all boys and girls complete primary school.

3. Promote gender equality and empower women.

• Eliminate gender disparities in primary and secondary education preferably by 2005, and at all levels by 2015.

4. Reduce child mortality.

• Reduce by two-thirds the mortality rate among children under five.

5. Improve maternal health.

• Reduce by three-quarters the ratio of women dying in childbirth.

6. Combat HIV/AIDS, malaria, and other diseases.

• Halt and begin to reverse the spread of HIV/AIDS and the incidence of malaria and other major diseases.

7. Ensure environmental sustainability.

• Integrate the principles of sustainable development into country policies and programs and reverse the loss of environmental resources.

• By 2015, reduce by half the proportion of people without access to safe drinking water.

• By 2020, achieve significant improvement in the lives of at least 100 million slum dwellers.

8. Develop a global partnership for development.

• Develop further an open trading and financial system that includes a commitment to good governance, development, and poverty reduction—nationally and internationally.

• Address the special needs of the least developed countries, and the special needs of landlocked and small island developing states.

• Deal comprehensively with the debt problems of developing countries.

• Develop decent and productive work for youth.

• In cooperation with pharmaceutical companies, provide access to affordable essential drugs in developing countries.

• In cooperation with the private sector, make available the benefits of new technologies—especially information and communications technologies.

As UN Secretary-General Kofi Annan later described them, the MDGs were a remarkable effort in international coordination. They established common ground among competitive development agencies, inspired concerted action by international organizations and national governments, and offered an opportunity for citizens to insist that governments focus on the “we the peoples” they claimed to represent. In short, they transformed the agenda of world leaders.4

Fourteen years later, The MDG record has been mixed. Some goals, such as halving the proportion of people living in extreme poverty, have been met at the global level, but none have been fulfilled in all countries. Others, such as universal access to primary education, are unlikely to be achieved by 2015.5

However, while the accomplishment of these goals would have been an impressive achievement, even taken together they do not represent a complete or comprehensive vision of human development. They were constrained by what the member states could agree upon in 2000 and, in particular, they lacked a vision of equitable development.6 As the international community thinks about the set of goals that will follow the MDGs, it is time to address that shortcoming by adding the goal of “eliminating extreme inequality” to the original eight.

WHY INEQUALITY MATTERS

Every country has a distinct political economy that shapes the extent and effects of inequalities; each requires separate assessment. The marked differences in the extent and nature of inequality across countries demonstrate that inequality is not just determined by economic forces; it is shaped by politics and policies.

Full equality is not the goal. Some economic inequalities may be conducive to economic growth. Other inequalities may not be worth addressing because doing so infringes on cherished liberties. While the precise point at which inequalities turn harmful may differ from country to country, once inequality becomes extreme, harmful social, economic, and political effects become evident. Extreme inequalities tend to hamper economic growth and undermine both political equality and social stability. And because inequalities have cumulative economic, social, and political effects, each of these contributing factors requires separate and concerted attention. We turn first to the economic arguments for reducing extreme inequalities, and then to the political and social arguments.

Economic Arguments 7

Economists of widely differing philosophical outlooks agree that inequalities of incomes and assets have harmful economic effects. Increasing inequalities, with top-heavy income distributions, lessen aggregate demand (the rich tend to spend a smaller fraction of their income than the poor), which can slow economic growth. The attempt of monetary authorities to offset these effects can contribute to credit bubbles, and these bubbles in turn lead to economic instability. That is why inequality is often associated with economic instability. In this perspective, it is not a surprise that inequality reached high levels before the Great Recession of 2008 and before the Great Depression of the 1930s.8 Recent International Monetary Fund research shows that high inequality is associated with shorter growth cycles.9

Much of the inequality observed around the world is associated with rent-seeking (for example, the exercise of monopoly power), and such inequality manifestly undermines economic efficiency. But perhaps the worse dimension of inequality is inequality of opportunity, which is both the cause and consequence of inequality of outcomes, and causes economic inefficiency and reduced development, as large numbers of individuals are not able to live up to their potential.10 Countries with high inequality tend to invest less in public goods, such as infrastructure, technology, and education, which contribute to long-term economic prosperity and growth.

Reducing inequality, on the other hand, has clear economic as well as social benefits. It strengthens people’s sense that society is fair; improves social cohesion and mobility, making it more likely that more citizens live up to their potential; and broadens support for growth initiatives. Policies that aim for growth but ignore inequality may ultimately be self-defeating, whereas policies that decrease inequality by, for example, boosting employment and education have beneficial effects on the human capital that modern economies increasingly need.11

Political and Social Arguments

Gaps between the rich and the poor are partly the result of economic forces, but equally, or even more, they are the result of public policy choices, such as taxation, the level of the minimum wage, and the amount invested in health care and education. This is why countries whose economic circumstances are otherwise similar can have markedly different levels of inequality. These inequalities in turn affect policy-making because even democratically-elected officials respond more attentively to the views of affluent constituents than they do to the views of poor people.12 The more that wealth is allowed unrestricted roles in funding elections, the more likely it is that economic inequality will get translated into political inequality.

As noted, extreme inequalities undermine not only economic stability but also social and political stability. But there is no simple causal relation between economic inequality and social stability, as measured by crime or civil violence. Neither form of violence correlates with Gini indices or Palma ratios (the top 10 percent of the population’s share of Gross National Income [GNI] divided by the poorest 40 percent of the population’s share of GNI).13 There are, however, substantial links between violence and “horizontal inequalities” that combine economic stratification with race, ethnicity, religion, or region. When the poor are from one race, ethnicity, religion, or region, and the rich are from another, a lethal, destabilizing dynamic often emerges.

Drawing on 123 national surveys in 61 developing countries, one study carefully documents the effects of inequalities in assets among ethnicities. For a typical country with average values on all the variables accounting for violence, the probability of civil conflict in a given year is 2.3 percent. If the level of horizontal asset inequality among ethnic groups is increased to the ninety-fifth percentile (and the other variables remain at their average values), the probability of conflict increases to 6.1 percent—more than a twofold increase. A similar comparison focused on differences in income among religious groups shows an increase from 2.9 percent to 7.2 percent—again, more than twofold.14 Another study using similar methods finds regional disparities in wealth to be correlated with an especially high risk of conflict onset in sub-Saharan Africa.15

Using a different methodology that focuses on geographical disparities in income that are linked with ethnic differentiation, rather than surveys to measure inequalities, other authors confirm the dangers of large horizontal inequalities. Focusing on the post–cold war period (1991–2005), Lars-Erik Cederman, Nils Weidmann, and Kristian Gleditsch divide the total sum of economic production in a given ethnic settlement area by the group’s population size to get ethnic group–specific measures of per capita economic production. They find that both relatively poorer and relatively richer ethnic groups have higher likelihoods of experiencing civil war. Demonstrating that not just ethnographic factors are at work, they show that the richer (or the poorer) the ethnographic group is, the greater the likelihood of the extreme groups experiencing civil war with other ethnographic groups.16

THE MANY DIMENSIONS OF INEQUALITY

Just as discussions of poverty and poverty reduction expanded from a singleminded focus on income to many other dimensions of deprivation—including health and the environment—so too did they evolve in the case of inequality.17 Indeed, in most countries it appears that inequalities in wealth exceed those in income. Especially in countries without adequate public health systems, a Palma ratio reflecting health status would almost surely show even greater inequalities than a Palma ratio for income. A Palma ratio based on exposures to environmental hazards would likely demonstrate a similar trend.

One of the most pernicious forms of inequality relates to inequality of opportunity, reflected in a lack of socioeconomic mobility, condemning those born into the bottom of the economic pyramid to almost surely remain there. Alan Krueger, former Chairman of the U.S. Council of Economic Advisors, has pointed to this link between inequality and opportunity.18 Inequality of income tends to be associated with less economic mobility and fewer opportunities across generations. The fact that those born into the bottom of the economic pyramid are condemned to never reach their potential reinforces the correlation between inequality and slower long-term economic growth.19

That these dimensions of inequality are related suggests that focusing on one dimension at a time may underestimate the true magnitude of societal inequalities and provide an inadequate basis for policy. For example, health inequality is both a cause and consequence of income inequality. Inequalities in education are a primary determinant of inequalities in income and opportunity. In turn, as we have emphasized, when there are distinct social patterns of these multiple inequalities (for example, those associated with race or ethnicity), the consequences for society (including social instability) are increased.

MEASURING THE GOAL

We propose that the following goal—call it “Goal Nine”—be added to revisions and updates of the original eight: Eliminate extreme inequality at the national level in every country. For this goal, we propose the following targets:

• By 2030, reduce extreme income inequalities in all countries such that the post-tax income of the top 10 percent is no more than the post-transfer income of the bottom 40 percent.

• By 2020, establish a public commission in every country that will assess and report on the effects of national inequalities.

There is a growing consensus that the best indicator for these targets is the Palma ratio, which effectively focuses on extremes of inequality—the ratio of incomes at the very top to those at the bottom.20 In many countries around the world it is changes in these extremes that are most noticeable and most invidious, while the share of income in the middle is relatively stable.21 All countries should focus on their “extreme” inequalities, that is, the inequalities that do most harm to equitable and sustainable economic growth and that undermine social and political stability. A Palma ratio of 1 is an ideal reached in only a few countries. For example, countries in Scandinavia, with Palma ratios at 1 or less,22 do not seem to suffer from the liabilities associated with extreme inequalities. Indeed, in some accounts they seem to benefit from a positive “equality multiplier” across the various aspects of their socioeconomic development, making them efficient and flexible as well as equitable and stable.23

But countries differ not just in how unequal they are now but also in their culture, tolerance of inequality of various kinds, and capacity for social change. Hence, the more important target is the second one: a national dialogue by 2020 on what should be done to address the inequalities of most relevance to the particular country. Such a dialogue would draw attention to the policies in each country that exacerbate inequality (for example, deficiencies in the education system, the legal system, or the tax and transfer system); those that simultaneously distort the economy and contribute to economic, political, and social instability; and those that might most easily be altered.24

Support for reducing extreme inequalities is widespread.25 In a letter to Dr. Homi Kharas, lead author and executive secretary of the secretariat supporting the High-Level Panel of Eminent Persons on the Post-2015 Development Agenda, ninety economists, academics, and development experts urged that reduction in inequality in the post-2015 development framework be made a priority, and suggested that inequality be measured using the Palma ratio.26 They argue—consistent with our analysis—that inequality threatens poverty eradication, sustainable development, democratic processes, and social cohesion.27

Awareness of the adverse effects of inequality has moved beyond academics and social activists. A July 2013 speech by U.S. President Barack Obama outlined the role of inequality in creating credit bubbles (like the one that precipitated the Great Recession) and the way it deprives people of opportunity, which in turn fosters an inefficient economy in which the talents of many cannot be mobilized for the good of all.28 And Pope Francis, in his address in the Varginha slum of Rio de Janeiro on World Youth Day 2013, emphasized the need for greater solidarity, greater social justice, and special attention to the circumstances of youth. And, again consistent with the studies cited earlier, he declared that peace cannot be maintained in unequal societies with marginalized communities.29

There are many dimensions to inequality—some with more invidious effects than others—and many ways to measure these inequalities. One thing is certain, however: sustainable development cannot be achieved while ignoring extreme disparities. It is imperative that the post-MDG agenda have as one of its central points a focus on inequality.

https://www.carnegiecouncil.org/publications/journal/28_1/001/000002

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